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Eva Dauga est une jeune artiste landaise et bricoleuse. Sa pratique pluridisciplinaire est traversée par le paradigme d’une exploration singulière du paysage. Un paysage qui apparaît aussi bien au sens propre, naturel - le plus souvent calme et nocturne – qu’au figuré, médiatique, social - dans l’effervescence diurne.
Ces deux états fondent la genèse de sa recherche plastique. Ils se mélangent, s’emmêlent, se brouillent et se confondent, dans un arrangement saugrenu, suspendus dans un équilibre instable.
 

La nuit est silencieuse, le poncif du paysage dans l’histoire picturale se transforme en ciel noir monochromatique, où les étoiles deviennent des ratures lumineuses au moyen d’un « light painting » tremblotant.
L’aurore est oscillante, entre calme et émoi, c’est un changement d’échelle. La nuit précédente l’on contemplait le ciel et les étoiles lointaines à l’aide d’un modeste zoom de smartphone. Ce matin, on admire des icebergs exotiques et impossibles faits d’agar-agar et disposés dans une flaque d’eau de pluie, l’illusion photographique est parfaite, nous sommes ailleurs.

À l’heure du déjeuner, c’est l’agitation festive, la surexcitation. La musique vient remplir l’espace dépouillé et contrefait qu’est le white cube, ses instruments bricolés posés au sol ou dans leurs écrins de fortune, attendent d’être activés par un.e courageu.x.se qui osera toucher une œuvre du bout de ses doigts, brisant l’interdit muséal.

L’après-midi, après la sieste, c’est toute une équipe de football féminine improvisée, qui portent des maillots évoquant certains peintres abstraits. Il y a Pollock, Buren, Malévitch et d’autres, qui reviennent d’outre-tombe pour taper la balle et mettre la pagaille une fois de plus dans la galerie.
 

Toute cette bourlingue offensive en rase campagne balance donc entre une expérience du sensible et un humour potache. Le paysage dans son travail, est donc cet environnement propice où les gestes s’organisent et s’assemblent, de manière presque aléatoire ou paradoxale, et où la seule unité serait temporelle. Pourtant, à l’arrière de cette toile de fond volontairement roturière et décomplexée, une plaidoirie embarrassée vient charrier l’ubiquité d’un patriarcat étouffant. À la campagne comme à la ville, dans l’art aussi bien que dans la vie, Eva Dauga n’a jamais peur de mettre les pieds dans le plat. Elle est ce cocktail Molotov qui voudrait vous faire exploser la rétine, mais avec la courtoisie de vous offrir des lunettes de protection, histoire de mieux vous faire passer la pilule.



                                                                                                                                                                 Maxime Eugène Pereira Tamayo

© Eva DAUGA Tous droits réservés

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